Horaire :Au

Lieu Galerie Raymond Hains / EBA

Beaux-arts

"Droit de varech" une exposition de Théophile Peris

Théophile Peris invite les visiteur.es à se plonger dans l’estran, véritable monde en soi, et à découvrir les secrets qui se cachent parmi les laisses de mer et les rochers découverts par la marée. Une exposition à voir à la galerie Raymond Hains du 5 octobre au 20 décembre.

Cette exposition prolonge une résidence de recherche, Territoires EXTRA soutenue par la Drac Bretagne, que l’artiste a menée à Plougasnou dans le Finistère. Il a été accueilli tout l’été par le café culturel Marylène, en partenariat avec le centre d’art contemporain La Criée.

Théophile Peris s’est intéressé à l’environnement naturel morlaisien et notamment l’estran, cette zone de balancement des marées qui recèle de nombreux sous-habitats spécifiques. Il l’a arpenté tout le temps de sa résidence, le regard tourné vers le sol, le corps fléchi, le plus souvent courbé, pieds et mains enlacés. Il cherchait ce que cette surface, qui ne se révèle qu’une fois la mer retirée, pouvait elle-même recouvrir. Là, à l’abri de la lumière, sous des pierres ou dans le sable, il a pu observer un concentré de monde, des populations de micro-organismes, de végétaux et autres crustacés amassées en petits pelotons.

Des agglomérats qu’il a dessinés au crayon noir dans ses carnets, remplissant intégralement chaque feuille. C’est de cette façon que les choses se développent chez Théophile, par grappes, une forme en générant une autre. Il ne s’agit pas d’un simple processus d’accumulation rhizomatique mais bien d’un état de disponibilité active au monde. Le droit de varech 1se traduit chez lui par une réciprocité de cet état, les choses sont disponibles, mais lui, Théophile Peris, l’est tout autant à elles. Nulles épaves ou cargaisons de navires naufragés ne se sont présentées à lui cet été seulement des tôles de cuivre usagées, des branches, des carapaces de crustacés et des cailloux, qu’il a pris pas trop grands ni trop lourds afin qu’il puisse les porter à bout de bras et ensuite les tailler à l’atelier. Il a fait avec, comme toujours, en apportant un soin aux choses délaissées.

À la galerie Raymond Hains, les sculptures réalisées cet été sont intégrées à une large installation évoquant tout à la fois les dioramas, les cabinets de curiosité, les aquariums dans ce qu’ils recomposent un monde en soi. Elles sont associées à des œuvres plus anciennes - une cloche en cuivre, un très grand feutre en laine, quelques petites céramiques et autres objets taillés dans le bois ou la pierre - reconstituant et élargissant ainsi une famille amie. Ces pièces ne sont en effet jamais des objets complètement autonomes car elles sont toujours particulièrement liées à une expérience, une rencontre qui dévie à chaque fois le cheminement créatif de l’artiste.

Au fond de l’espace d’exposition, un feutre long de cinq mètres est suspendu, tel un écran. Il a été produit avec l’aide des élèves de la classe préparatoire de l’école. Une chaîne de cardage, première étape du feutrage, consistant à étirer les fibres de la laine, leur a également été proposée. Dès lors, ils et elles ont pu s’initier à ce savoir-faire qui a suscité l’intérêt de Théophile Peris depuis qu’il a été sensibilisé plus jeune (lors d’une expérience d’aide-berger) à la pertinence de l’exploitation de la laine, le plus souvent considérée comme déchet. Cette dimension participative associée à un processus de transmission est au cœur de la démarche de l’artiste qui ne cesse par ailleurs de renouveler les situations d’apprentissage. Au même titre qu’il inscrit les matériaux qu’il utilise dans un cycle vertueux de renouvellement des formes, il situe son travail et sa recherche dans une écologie de gestes et d’outils.

 

Remerciements au comité des quartiers de la Croix Saint-Lambert pour le prêt des cardeuses, à l’équipe de la FERME à laine située à Colpo dans le Morbihan, ainsi qu’aux élèves de la classe préparatoire de l’école.

Pratique

Du mardi au samedi, de 15h à 18h
Entrée libre
Fermé les jours fériés
Accueil gratuit des groupes sur rendez-vous.
Conférence de Théophile Péris le lundi 30 septembre à 18h, auditorium de l’école des Beaux-arts.